Concert
Saison Jazzèbre : Elodie Pasquier et Gilles Coronado « Deux places »
samedi 12 juin 2021 à 21h00 Alénya - Caves Ecoiffier, Salle Marcel Oms
Événement terminéElodie PASQUIER : clarinettes/compositions – Gilles CORONADO : guitare/compositions
Élodie Pasquier et Gilles Coronado, deux musiciens traversant une musique de chambre un peu débraillée… Ramasseurs d’images aux goûts généreux, jouant avec le simple sans être simpliste. Une musique bicéphale, multi-usage.
« Notes disjointes, résonances courtes, phrasé zigzagant, la musique très écrite commence un peu comme un exercice à trous qui achoppe sur un accord tenu, point d‘inflexion où tout se recolle et recompose. Entre l‘univers des deux musiciens comme entre leurs instruments respectifs la distance est grande, et c‘est son creusement qui capte et captive. Une pièce, par exemple, évoquant un village du Morvan, Dennecy voit son introduction à la guitare seule creusée à la pédale de volume, cloutée d’accords étouffés, percée de saillies soudaines, distendue de répétitions obsessive, avant qu’un son boisé, en total contraste, ne s?élève, en faisant émerger le lyrisme continu appartenant en propre à la clarinettiste. Contraste mais pas tension : le jeu de l‘une se love parfaitement dans les cavités par l’autre laissées béantes. La conclusion d’une pièce commencée sur un accord démesurément répété, que l’évolution discrète des voix intérieures ne déstabilise pas jusqu’à basculer, prendra la forme d’une joute rythmique très éloignée de son point de départ. Lorsqu‘un solo de clarinette ouvre sur une futaie de syncopes, il parait qu‘une mouche s’est prise dans les pages d’un journal, rissole et grésille furieusement, mais c‘est un essaim de watts qu’une pédale comprime. Le set s’achève sur un diptyque Rapide et fort suivi de Lent et doux où se résume de façon explicite l’étonnante complémentarité sur laquelle repose le duo. Séduits par cette prise à revers, questionnante autant que prometteuse, il semblait avoir été mis devant la solution d’une énigme avant même d‘en avoir pressenti l’existence. » Philippe Alen